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Fondation de l'Automobile Marius Berliet

Berliet et Cuba : transfert de savoir-faire

Cuba, 1964 : un cyclone ravageur détruit la province d’Oriente. Berliet fournit plus de 300 véhicules lourds pour les travaux de reconstruction. Deux ans plus tard, plusieurs commandes de véhicules et de groupes électrogènes suivront, ainsi que 36 dumpers type T30 pour l’exploitation de mines de nickel à ciel ouvert. Bravant les difficultés liées à l’embargo économique américain, Berliet et ses techniciens français détachés sur place, déploient des trésors d’ingéniosité pour pallier aux pénuries de moyens et assurer le bon fonctionnement des camions et moteurs qui travaillent sur l’île.

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Une coopération inédite, en plein embargo !

Parallèlement à la vente de véhicules, Berliet s’engage dans la voie d’une coopération technique à long terme, appelée « Plan Directeur » et adaptée aux impératifs économiques du pays. Seront ainsi édifiés des centres spécialisés dédiés à la maintenance des véhicules et à la formation du personnel cubain :

  • 5 ateliers de campagnes, familièrement appelés « infirmeries » forment les techniciens à l’entretien courant.
  • 5 ateliers de provinces, surnommés « hôpitaux » forment aux opérations de réparation plus lourdes.

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Exemple de dynamisme et d’efficacité, un atelier central de rénovation d’organes est implanté en un temps record dans la petite ville d’Holguin : Fin février 1969, les autorités cubaines mettent à disposition de l’équipe Berliet un bâtiment non terminé, sans voie d’accès ni réseau d’eau. Le 13 juillet de la même année, l’établissement est inauguré par Paul Berliet et le Commandant Fidel Castro en personne.

Claude Blin, chef de mission Berliet témoigne : « Le jour de l’inauguration, les murs extérieurs étaient loin d’être achevés. Le principal était que toutes les installations soient et en place et en ordre de marche, que le flux technologique apparaisse aux visiteurs de façon claire (…) cela démontrait la maîtrise de Berliet dans le domaine de la rénovation et son expérience du transfert de son savoir-faire ».

Les premiers moteurs et organes rénovés sortiront du centre début janvier 1970. Globalement, les 10 unités Berliet réparties dans tout le pays, seront mises en service entre 1970 et 1972 – un délai remarquablement court, compte tenu des aléas d’approvisionnements et des nombreuses difficultés locales.

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Création d’une usine !

Fidel Castro, séduit par l’efficacité de Berliet, lui confie l’étude de l’industrialisation d’un complexe de production à Mariel avec – en première étape – l’édification d’une unité de fabrication d’autobus. Le contrat est signé en décembre 1969. Les 28 000 m² de bâtiments couverts sont terminés en juin 1972 : la mise en route de l’usine est effective un an plus tard, avec un objectif de 2 autobus PH par jour.

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Paul Berliet montre à Fidel Castro l’implantation du futur site de Mariel – février 1970

Des perspectives compromises pour raison d’État

Nous sommes fin 1975 : 1 955 camions Berliet et plus de 700 moteurs sont livrés à Cuba. Sur place, les opérations de formation et de transfert de technologie se poursuivent, les perspectives d’industrialisation sont prometteuses. Malheureusement, les pouvoirs publics français décident brusquement d’arrêter les achats de nickel à Cuba. La mesure de rétorsion à l’égard de la France est immédiate : suspension puis cessation des accords économiques. Les relations commerciales et industrielles entre le gouvernement cubain et Berliet sont ainsi compromises. Fidel Castro, même s’il conserve une grande estime pour le constructeur lyonnais, va privilégier l’Espagne et le Japon avec qui Cuba entretient des échanges équilibrés. C’est d’ailleurs un constructeur japonais qui s’installera dans l’usine neuve de Mariel.

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Retour dans les années 2000

Les années passant, Renault Véhicules industriels / Renault Trucks va se positionner de nouveau sur le marché cubain avec des véhicules d’occasion et de chantier. En 2003, le Directeur Export Amérique Latine de Renault Trucks va remettre à Paul Berliet un diplôme de reconnaissance : « Cette distinction émane de responsables et d’ouvriers cubains auxquels vous avez vous-même transmis un formidable espoir au début des années 1970 ».

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