Pour la sauvegarde et la valorisation de notre Culture Industrielle

Fondation de l'Automobile Marius Berliet

Histoire de l’Art et usines de Vénissieux : une étude passionnante !

Loin des luxueux châteaux et monuments historiques classiques, nous aurions du mal à imaginer qu’un site industriel puisse faire l’objet d’une telle étude universitaire. C’est pourtant ce thème que Stéphanie Michut a choisi pour valider son Master 2 Histoire de l’Art « Parcours Urbanisme, Architecture et Techniques de construction en cités historiques ».

Intitulé « Les usines Berliet de Vénissieux 1916-1939 », ce mémoire et le fruit d’un travail de recherche réalisé pendant l’année 2019-2020, sous la direction du professeur Laurent Baridon, Université Lumière Lyon 2, UFR Temps et Territoire. Il a été soutenu avec succès en septembre dernier.

L’image publicitaire est idéalisée. A l’époque, les Grands bureaux n’existent pas encore.

L’étude nous éclaire sur un site hors norme, « royaume de l’horizontalité », intimement lié à la vision de Marius Berliet. Étendue sur une vaste plaine encore vierge, l’usine doit sa pérennité à une constante évolution de son bâti, hétérogène en apparence, mais toujours adapté au contexte économique et industriel, ainsi qu’à la réalité du terrain.

Au cours de ses analyses, l’auteur va notamment mettre en parallèle le concept de Marius Berliet avec d’autres géants de l’automobile tels qu’Henry Ford à Détroit (USA) et Louis Renault à Billancourt. Le mémoire se décline en deux volumes : le deuxième est un inventaire détaillé des bâtiments, avec implantation, illustrations et historique dédié.

Stéphanie Michut résume ainsi brièvement l’histoire du site :

« C’est en octobre 1916 que Marius Berliet lance la construction des usines de Vénissieux. Les premiers édifices s’élèvent sur une partie des 223 ha répartis sur les communes de Vénissieux et Saint-Priest (…).

Les techniques de constructions utilisées sont celles pratiquées alors dans la région lyonnaise : béton et mâchefer – employé sous forme de dalles ou de pisé. Les premiers bâtiments voient le jour : l’atelier de montage des camions, l’atelier de « mécanique bois », la fonderie, la forge… ainsi que l’atelier d’usinage, qui deviendra plus tard l’immense usine AB, dite la « VL ».

 

Vue du chantier en 1916

 

Vue de la construction des premiers hangars en 1916

 

Les constructions forment un ensemble hétérogène fait de vastes bâtiments en sheds et de hangars avec toiture en bâtière ou lanterneau. Ils sont séparés par de larges voies de circulation dénommés « avenues ». L’axe central de l’usine est occupé par les bâtiments de production de l’énergie qui alimentent des ateliers de fabrication et de montage au nord et au sud.

Malgré la crise que traverse Berliet entre 1920 et 1928, l’usine de Vénissieux ne cesse de croitre : agrandissement progressif de l’atelier usinage, réserves, centrale vapeur pour la production de l’énergie, fonderie de fonte et d’aluminium, droguerie pour la fabrication des huiles, centrale des chariots électriques, etc. (…)

En une vingtaine d’années, les fondements d’une usine intégrée de grande ampleur ont été posés. Reprises ensuite par Paul Berliet, les mutations du site vont être constantes jusqu’à nos jours ».

Quelques extraits significatifs :

Un site immense :

En ce lieu qui semble sans commencement ni fin, l’agencement des volumes en constante restructuration est guidé par la seule rationalité de la productivité. L’usine de production correspond à la première zone d’implantation. En quelques années, les bâtiments indispensables sont édifiés. Dotés d’une architecture traditionnelle, la plupart reprennent la forme d’une grange, mais aux dimensions démesurées. Le jeu des volumes horizontaux qui s’étend à perte de vue est ponctué par la rare verticalité des cheminées de forges et de fonderies. Quelques édifices surgissent du panorama : la forge, l’atelier d’emboutissage, les grands bureaux… leur apparence et leurs caractéristiques donnent son identité au lieu. Véritable réseau névralgique, les rails sillonnent l’espace du site et le relie au monde extérieur.

 

Le service « bois » en 1930

 

Usine AB en 1936 : le grand hall de montage des camions légers

 

Un exemple d’esthétique industrielle : les Grands bureaux

Achevé en 1938, le bâtiment administratif des « Grands bureaux » sera la dernière construction de l’ère « Marius Berliet ». Cet édifice offre une esthétique sobre et répond au besoin de doter l’entreprise de locaux à la hauteur de ses ambitions. La façade qui se déploie sur une longueur de 360 m, est scandée par des éléments en saillies se terminant par des acrotères. De vastes ouvertures sur châssis vitrés accentuent encore l’horizontalité de l’ensemble. Le vaste hall d’accueil central offre au visiteur une ambiance moderne et épurée, grâce à ses murs intérieurs en parement de pierre de Travertin et son sol en pierre de Comblanchin.

 

Façade des Grands bureau, 1950

 

Grand hall et escalier, vers 1955

 

Un travail universitaire inédit, une valeur ajoutée pour notre Centre de ressources.

Ce mémoire de Master 2 constitue sans conteste une précieuse source d’informations pour les chercheurs et spécialistes. Il est, non seulement une excellente référence pour tous les passionnés d’histoire du patrimoine industriel mais également, une passionnante « remontée dans le temps » pour les « anciens Berliet », le personnel RVI et Renault Trucks.

Diaporama (cliquer pour agrandir)