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Fondation de l'Automobile Marius Berliet

Dans « la cité du poids lourd » : la forge Berliet

La forge de l’usine Berliet de Vénissieux, construite en 1919, est une véritable cathédrale industrielle : d’une longueur de 250 m et 58 m de large, elle est divisée en trois halls. La hauteur de faîtage du hall central est de 27 m. Il faut dire qu’elle a été à l’origine étudiée et équipée pour satisfaire à l’ensemble des besoins de l’entreprise : toutes les pièces forgées, depuis celles de 40 grammes jusqu’aux vilebrequins de 300 kg, entrant dans la composition des véhicules y sont fabriqués.

Vue extérieure en 1923

A partir des années 60, les moyens de forgeage de petite capacité sont supprimés dans le but de libérer des surfaces : les fabrications correspondantes sont abandonnées à la sous-traitance. La vocation de la forge a donc évolué au fil des années en orientant ses techniques et ses investissements vers les pièces moyennes et lourdes.

dessin de 1932

Quelques repères chronologiques :

En 1923, le matériel de fabrication se compose de 17 marteaux-pilons, 14 presses à ébarber, 2 machines à refouler. 11 chaudières fournissent la vapeur aux pilons et 35 fours à réchauffer desservent ceux-ci. Ces fours confèrent au lopin* à forger une température de 800°à 1000°.Un pont roulant de 20 tonnes assure la manutention sur toute la longueur du bâtiment. Production mensuelle : 300 tonnes de pièces forgées.

En 1957, les forges de Berliet sont, par leur importance, les secondes de France derrière la Société des forges et ateliers du Creusot (Schneider). Elles s’étendent sur 20 000 m². Le matériel de fabrication est de 40 marteaux-pilons dont un de 7, 5 tonnes et deux de 5 tonnes de masse tombante, d’une presse à calibrer de 1000 tonnes, de trois machines à forger horizontales pour les pièces longues, d’une machine à forger réglable pour les pièces spécifiques. Production mensuelle : 800 tonnes de grosses pièces et 300 tonnes de ressorts à lame. L’effectif des forges s’élève à 380 personnes.

En 1967, les fours à réchauffer placés derrière les marteaux-pilons, sont à présent alimentés au gaz de Lacq. Résultat : la qualité de chauffe (1000° à 1300°) est plus homogène et le travail moins pénible. La production mensuelle passe à 1200.tonnes de pièces forgées. L’effectif est de 430 personnes.

En 1974, de nouveaux investissements accroissent la capacité de production des vilebrequins et des essieux qui passent à 3500 pièces par mois. La production mensuelle est de 2000 tonnes de pièces forgées.L’effectif atteint 500 personnes.

En 1984 : L’outil industriel de la forge se compose de 10 marteaux-pilons de 1,8 tonnes à 16 tonnes, de 2 machines à forger horizontales, de 3 maxi-presses. La production mensuelle est de 3000 tonnes de pièces forgées. L’effectif est de 302 personnes.

travail au marteau-pilon en 1983

Dans les années 90, la forge va réduire son activité de façon significative. En 1999, les marteaux-pilons se sont arrêtés définitivement après 82 ans de vacarme !… mais le bâtiment presque centenaire existe encore aujourd’hui, témoin devenu muet d’une autre époque industrielle.

* lopin : morceau de métal débité à la dimension voulue et chauffé avant d’être transformé (estampage, forgeage, ébarbage…). En 1958, le poids d’un lopin pouvait aller de 200 g à 300 kg !

vidéo extraite de « découverte d’un vaste monde » – Berliet 1975 : la fonderie, la forge, les presses et l’usinage.

Reportage de « Berliet Information » en 1959 : cliquez ici