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Fondation de l'Automobile Marius Berliet

Renault « Fainéant » : populaire… et original !

En 1950, les ingénieurs Renault optent pour un camion à cabine avancée, équipé d’un moteur horizontal SOUS le châssis.

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L’idée est originale, séduisante et unique en France : à l’époque, le seul autre constructeur de véhicules utilitaires ayant fait le pari du moteur à plat sous le châssis est l’allemand Büssing.

Le moteur repoussé à l’arrière de la cabine, permet de dégager un vaste espace et supprime les inconvénients du tunnel-moteur remontant dans l’habitacle (manque de place, chaleur, vibrations et odeurs…) comme c’est alors le cas pour les autres modèles à cabines avancées de la concurrence. Une large banquette autorise, selon la publicité Renault, « jusqu’à 3 passagers de front».

Renault Fainéant : intérieur cabine

La partie arrière du châssis, placée très au-dessus du pont, est droite, sans passage de roues, ce qui permet un plancher plat pour une grande diversité de carrosseries. La partie avant est surbaissée en « col de cygne » pour le logement de la cabine. La suspension avant est composée de ressorts à lames associés d’amortisseurs hydrauliques : un dispositif moderne pour l’époque. Cependant, il semblerait que la position élevée de la caisse entraine le déplacement du centre de gravité vers le haut : en charge, le Fainéant serait moins stable qu’un camion de tonnage équivalent au châssis plus classique, comme le Berliet GLR par exemple.

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Nommé R4140 dans sa version 7 tonnes d’origine, il devient le R4153 (châssis normal) et R4154 (surbaissé). Un modèle 5 tonnes (R4220) et un tracteur (R4182) sont proposés. Entre 1950 et 1955 chaque déclinaison (châssis court, normal, long, chantier, colonial…) est spécifiée par un chiffre et la liste des variantes de types est considérable.

La régie Renault n’a pas donné d’appellation publicitaire aux camions de cette nouvelle gamme « R » mais les chauffeurs vont rapidement les baptiser « Fainéants ». Difficile de connaître avec exactitude les raisons de ce surnom mais les anciens professionnels évoquent souvent la puissance limitée du moteur couché et à la médiocrité de ses batteries de marque Tudor.

Le Fainéant sera utilisé en transport de courtes et moyennes distances, par de nombreuses entreprises régionales qui plébiscitent sa robustesse et la diversité de ses applications. Les conducteurs apprécient le confort de la vaste cabine surbaissée et la suspension confortable. Autre atout, une grande maniabilité : les roues avant n’étant pas gênées par le moteur, elles peuvent braquer autant qu’on le souhaite.

Les Fainéants sous l’ère SAVIEM : du changement dans la continuité.

Fin 1955, la section Poids lourd de Renault s’associe à Latil, Floirat et Somua pour donner naissance à la Saviem. Fin 1959, les camions Renault « R » vont être baptisés « Tancarville » et «Mondragon », en hommage aux grands travaux de de l’époque (pont et barrage). Leur fabrication est transférée sur le nouveau site Saviem de Blainville-sur-Orne. A partir de 1961, Ils seront équipés d’un nouveau moteur horizontal un peu plus nerveux : le « Fulgur ». Ultime descendant des premiers Fainéants de 1950, les derniers Tancarville TP10 seront fabriqués jusqu’en 1967.