La Villa Berliet : Une merveille Art Nouveau
Lorsqu’en 1910 Marius Berliet décide de se faire construire une villa, son entreprise est en plein essor. Il choisit un vaste terrain dans le faubourg oriental de Lyon, le quartier de Montchat, non loin de son usine de Monplaisir.
Les travaux sont réalisés, en 1911 et 1912, par l’architecte lyonnais Paul Bruyas. La demeure qu’il a imaginée se caractérise par une architecture d’un style néoclassique tardif (tour belvédère italianisante, colonnes, entablements, frises). Ce modèle de villa très apprécié dans les milieux aisés se développe en France à la fin du 19ème siècle. Le paysagiste Joseph Linossier est, quant à lui, chargé de l’aménagement du jardin.
Un ensemble Art nouveau élégant… et original !
Loin des goûts de la bourgeoisie lyonnaise traditionnelle, Marius Berliet est particulièrement sensible à l’Art Nouveau de l’École de Nancy. Ce courant décoratif, né en 1901, s’affranchit des modèles « classiques » pour s’inspirer librement de la nature. L’industriel va donc confier la décoration intérieure et l’ameublement de sa demeure à deux artistes nancéiens de renom, Jacques Gruber et Louis Majorelle. Décor et meubles constituent encore aujourd’hui un ensemble Art Nouveau unique à Lyon. Les motifs décoratifs de la villa sont interprétés dans ce style, sans extravagance, convenant ainsi au goût du commanditaire. La villa Berliet est classée à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. Elle bénéficie en outre d’une affectation en rapport direct avec son passé : depuis 1982, elle abrite la Fondation de l’automobile Marius Berliet.
Zoom sur les thèmes végétaux de la décoration intérieure :
L’ébéniste Louis Majorelle compose un programme décoratif décliné selon trois thèmes végétaux principaux : les passiflores, les pommes de pin et les algues marines. On les retrouve sur les boiseries, les vitraux de Jacques Grüber, les stucs, les plaques de propreté, les mosaïques, les ferronneries, les luminaires de Daum… Les passiflores ou «fleurs de la Passion», sont traitées en de nombreuses variantes graphiques dans l’entrée et le le vestiaire. Les pommes de pin investissent le vaste hall et sont déclinées sur tous les supports présents, bois, verre, cuivre… Dans la salle à manger, on trouve les algues marines avec le fucus vésiculeux, une espèce de varech qui orne les stucs du plafond et l’élégante cheminée.
Le parc
Le principal atout de l’architecte-paysagiste Joseph Linossier, se caractérise par la maîtrise d’un cheminement d’eau imitant la nature sauvage (grottes, chutes, chaos de rochers recomposés…) aboutissant à un miroir d’eau. Le parc de la villa de Marius Berliet constitue un bel exemple, avec ses trois bassins de tailles différentes, ornés de rocailles et de plantes aquatiques…
Marius Berliet prendra grand soin de son parc : « Deux jardiniers venaient plusieurs fois par semaine de Vénissieux pour entretenir les roses devant la salle à manger et soigner le jardin potager. Un tombereau de gore rouge était versé sur les allées tous les ans. Marius Berliet se souciait beaucoup de ses arbres, de leur taille en temps voulu et aimait manger ses cerises. » (Souvenirs de Paul Berliet, 1986).