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Fondation de l'Automobile Marius Berliet

Funérailles d’antan : autour du Berliet VTB

Le dernier voyage… en grande pompe.

Le concept de « corbillard », tout comme celui de « Pompes Funèbres », date du début du XIXe siècle. Dérivé des carrosses, il transporte le défunt jusqu’à sa dernière demeure mais constitue surtout l’ornement principal du convoi. Paré de tentures, galons, plumets et panaches, il reflète l’origine sociale du défunt et de sa famille. (Vers 1900, les Pompes Funèbres proposent jusqu’à huit classes d’enterrements).

Corbillard hippomobile de 1ere classe

L’automobile mettra du temps à s’imposer dans les cérémonies funèbres :
bruyante, fumante… et jugée trop laide, elle ne convenait pas à la solennité des processions.

Publicité corbillard De Dion Bouton 1905

Une alternative : la locomotion électrique.

Bon compromis entre le cheval et le moteur à explosion, les corbillards à moteur électrique font une timide apparition dès 1904. L’absence de bruit et de gaz d’échappement constitue un avantage appréciable par rapport aux voitures à pétrole.

Rognini & Balbo, constructeur milanais de véhicules et moteurs électriques Electromobili, entre 1905 et 1928, devient le spécialiste de ce type de corbillards. Il restera unique en son genre, la plupart des autres marques sortant des véhicules reconfigurés sur une base de châssis à essence « électrifié ».

 

corbillard électrique Rognini & Bablo

Flotte de corbillards Rognini & Balbo, 1920.

En France, Berliet sort un Corbillard électrique dès 1923

Au début des années 20, afin d’élargir son catalogue, Berliet propose quelques modèles de voitures et camions électriques à accumulateurs. En 1923, il réalise pour les Pompes Funèbres Générales un petit corbillard sur une base de camionnette VTB. Propre, silencieux, gardant une vitesse lente et régulière, il n’incommode pas le cortège funèbre qui le suit à pied.

Berliet corbillard electrique 1ere classe

Corbillard Berliet 1923 avec sa housse d’apparat

Corbillard Berliet VTBde 1924, collection Fondation Berliet

Malgré ces avantages indéniables, les corbillards électriques restent peu nombreux : proposés dans quelques grandes agglomérations, ils ne font pas l’unanimité auprès de la population qui reste globalement attachée aux équipages hippomobiles traditionnels.

Gros plan sur le corbillard Berliet VTB 1924

Ce véhicule a appartenu aux services municipaux de la Ville de Villeurbanne.

Moteur électrique 39 volts alimenté en courant continu
Boîte 2 vitesses avant et 2 vitesses arrière commandées par inverseur
Transmission par engrenage et arbre intermédiaire
Freins mécaniques à tambours
Pont arrière type banjo
Accumulateurs à éléments plomb d’un poids de 450 kg
Poids du châssis nu : 1 200 kg
Poids du véhicule en charge : 1 900 kg
Autonomie moyenne en charge : 40 km
Vitesse maximum : 22 km/h

Corbillard VTB Berliet vue 2

Corbillard VTB Berliet vue 2

Berliet camionnette VTB 1924

Fourgons mortuaires modernes et déclin des corbillards

Vers la fin des années 30, l’urbanisation croissante, la délocalisation des décès et des cérémonies nécessitent l’utilisation de fourgons mortuaires à essence, pouvant couvrir de plus longues distances. Utilisés à la fois pour le transport « rapide » et pour la cérémonie, ce sont des véhicules polyvalents. Grâce aux progrès de la motorisation, ils ont moins bruyants et tiennent mieux le ralenti en cas de cortège.

Corbillard Renault 1930

Parallèlement, les mœurs changent : à partir des années 50, les funérailles sont plus sobres et discrètes… et les proches se déplacent en voiture. Certains carrossiers tels que Carrier, proposent même des cars funéraires pour les familles non véhiculées.

corbillard sur Citrën U23 1954

Pub Renault Carrier 1955

En quelques décennies, les corbillards d’apparat et leurs cortèges vont se raréfier pour tomber en désuétude. De nos jours, les fourgons mortuaires se fondent incognito dans la circulation pour assumer une fonction purement utilitaire.

En guise d’épilogue…. la corbicyclette

En cette période de Toussaint 2022, l’entreprise parisienne de pompes funèbres « Le Ciel & La Terre » vient de sortir sa dernière création : la corbicyclette, un corbillard de 2m fixé sur un triporteur… électrique.

©DG/actu Paris