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Fondation de l'Automobile Marius Berliet

Renault AGC2 « Vache Grosjean » : une campagnarde bien conservée

Retour sur une histoire de famille :

Retirée de la circulation depuis une cinquantaine d’années, cette camionnette appartenait à Marie et Roger Vandevelle, épiciers – fromagers à Chalonvillars (Haute Saône). C’est à bord de ce pimpant véhicule de livraison qu’ils sillonnaient les villages et les marchés de la région dans les années 50 et 60. Conservée depuis lors dans la grange, elle faisait partie du patrimoine familial. Ayant acquis la ferme de ses grands-parents et le véhicule qui y dormait, leur petite fille Isabelle a souhaité donner une seconde jeunesse et une visibilité bien méritée à cette belle Renault AGC2 1938 de grande valeur historique et sentimentale. Elle l’a donc confiée aux bons soins de la Fondation Berliet.

 

 

 

Restauration minutieuse

Préservée des intempéries et bichonnée par ses propriétaires, la petite Renault ne fait pas son âge. Cependant, sous sa belle apparence extérieure, la carrosserie composite en bois tôlé n’a pas été épargnée par les outrages du temps. La première étape est de désolidariser le châssis et la carrosserie, puis de retirer les tôles de la caisse, afin de juger de l’état de sa structure.

 

Une structure en bois et métal

 

 

Une fois le châssis mis à nu, nos spécialistes de l’équipe technique, Maurice Chevallier et Jean-Claude Olagnon, démontent et inventorient tous les organes de la chaîne cinématique. Les gros éléments tels que les longerons, essieu, pont… sont envoyés au « sablage » afin de subir un décapage en profondeur.

 

Châssis et moteur Renault AGC2 Renault avant restauration

 

Châssis et moteur Renault AGC2 Renault après restauration

 

Les organes – moteur, boîte, transmission, freinage, équipement électrique… sont soigneusement nettoyés et remis en état. Jean-Claude Olagnon, mécanicien hors pair, met en pratique un savoir-faire et une ingéniosité peaufinés par de nombreuses années d’expérience. Très rigoureux, nos deux spécialistes utilisent également la documentation fournie par le service d’archives de la Fondation.

Une carrosserie « cousue main »

Comme à l’accoutumée, nous confions la restauration des éléments en bois aux élèves de l’école de Production Boisard de Vaulx-en-Velin. Depuis près de 15 ans, la Fondation Berliet travaille en partenariat avec cet établissement d’enseignement professionnel réputé pour ses prestations de qualité. Coachés par leurs professeurs, les jeunes apprentis peuvent ainsi réaliser une réhabilitation historique et s’investir sur un chantier inédit… et passionnant !

 

 

 

La carrosserie n’est pas une simple caisse montée sur le châssis mais un fourgon intégral qui englobe la cabine. Rénover une telle structure et la réadapter parfaitement au châssis est une opération délicate qui nécessite de nombreux ajustements. Après plusieurs allers – retours entre l’école Boisard et l’atelier de la Fondation Berliet, la camionnette peut recevoir son habillage de plaques formées et découpées tout spécialement pour elle. C’est à Maurice Chevallier, notre expert en tôlerie, que revient ce travail de haute couture.

Restauration des parties corrodées d’une aile

En fonction de leur niveau de dégradation, le capot, les ailes et les différentes parties tôlées sont assainies, restaurées, formées… ou refaites à l’identique. Les plaques de la caisse sont clouées sur la structure, un mastic « pâte à joint » assure l’étanchéité de certains éléments de la carrosserie.

restauration et habillage des parties tôlées

Des finitions haut de gamme

Rien ne doit être négligé dans la mise en beauté : les teintes bleues et jaunes pâle des peintures, les phares, le tableau de bord, la garniture intérieure, la sellerie… Que le véhicule soit un utilitaire ou une voiture de luxe, il est traité avec les mêmes égards et le même souci de perfection.

Dernières étapes de finitions…

La Vache Grosjean : portrait en format XL !

La très belle publicité peinte sur les flancs et l’arrière du véhicule lui donne un cachet irrésistible ! Réalisée non pas en 1938 mais à la fin des années 50, elle ne correspond aucunement à la raison sociale du propriétaire mais elle fait la « réclame » d’un produit vendu par celui-ci. Cette superbe vache à la robe caramel est – certes – moins connue que sa célèbre rivale hilare, mais son histoire n’en est pas moins intéressante : principal concurrent de la « Vache qui rit » depuis les années 20, la petite société jurassienne Grosjean Frères va commercialiser des portions de fromage fondu, d’abord sous l’appellation  » Vache du Jura », puis « Vache sérieuse ». C’est seulement en 1959, suite à la perte d’une longue bataille judiciaire contre la société Bel et sa Vache qui rit, que la Vache sérieuse prend le nom de son entreprise éponyme : « Grosjean ».

La camionnette AGC2 Renault après restauration

Six fois moins importante que la société Bel, la fromagerie Grosjean est absorbée par Nestlé en 1970 puis revendue à l’entreprise Besnier qui deviendra Lactalis en 1999. Aujourd’hui, La Vache Grosjean a disparu des rayons de nos crémiers mais elle perdure sur la carrosserie de cette petite camionnette qui fleure bon la nostalgie.

fiche technique AGC2

Galerie photos :