Paul Berliet : Hommage en images…
Un entrepreneur hors normes.
Né le 5 octobre 1918 à Lyon, Paul Berliet vit, dès son enfance, dans l’ambiance des usines créées et dirigées par son père, Marius Berliet. Après des études secondaires, il travaille deux ans dans les différents ateliers de l’usine de Vénissieux, entrecoupés de stages à l’étranger, en Grande-Bretagne. Puis c’est le service militaire qu’il accomplit comme sergent moniteur à l’Ecole de Haute Montagne de Chamonix.
Ensuite, c’est la mobilisation dans le 199e Bataillon de Chasseurs de Haute Montagne. Après l’Armistice, il réintègre l’entreprise où la responsabilité des Fonderies lui est confiée. En 1942, il est nommé Directeur Général des Fabrications.
La production est maintenue tant bien que mal malgré les pénuries de matériaux et tombe à 4 véhicules par jour jusqu’au bombardement de l’usine en mai 1944. Marius Berliet arrête les productions. En automne, Yves Farge, Commissaire de la République, donne instructions à Paul Berliet de redémarrer les usines. L’usine est mise sous séquestre et dotée d’un administrateur provisoire, Marcel Mosnier.
En septembre 1944, Automobiles Marius Berliet est devenue un enjeu politique ; Marius Berliet et ses enfants sont dépossédés de l’entreprise. Commence alors la tentative de gestion ouvrière, surnommée « l’Expérience Berliet ».
En dépit de décisions de justice, ce n’est qu’en décembre 1949 que sera appliqué l’arrêt du Conseil d’Etat qui rend l’entreprise à ses légitimes propriétaires.
A partir de 1951, Paul Berliet, âgé de 33 ans, assure la direction des problèmes de conception et de fabrication : il effectue des missions d’études en Afrique, en Amérique du Sud, puis se charge de la création du département « voirie et incendie » à Courbevoie.
Nommé en 1954 Directeur Général Adjoint de la Société Anonyme des Automobiles Marius Berliet, il s’attache à développer moyens et méthodes qui permettront à l’Entreprise de passer progressivement d’une cadence quotidienne de 17 véhicules en 1950 à une capacité de 140 véhicules par jour, d’un effectif de 7 500 personnes à 23 000 à fin 1974 et à hisser une Société régionale à un niveau international.
Dès 1957, il se tourne vers les pays neufs : il fonde une usine en Algérie et au Maroc ; en 1959-60, il lance deux missions scientifiques et économiques à travers le Ténéré. C’est encore avec des pays en voie de développement, Chine, Cuba, Pologne, etc., que sont conclues des conventions d’industrialisation, d’assistance, de formation.
En 1962, il accède à la Présidence de la Société des Automobiles Marius Berliet, succédant à Emile Parfait, qui occupait cette fonction depuis 1949.
La même année, est créé le Centre d’Etudes et de Recherches. Paul Berliet conduit une politique de décentralisation dans la région Rhône-Alpes en rapprochant les usines des bassins d’emploi (Bourg-en-Bresse/Ain – Saint-Etienne/Loire – L’Arbresle/Rhône – Chambéry/Savoie – Saint-Priest/Rhône). Il signe en 1967 un accord d’association avec Automobiles Citroën qui appartient au Groupe Michelin.
Il conserve sa fonction de Président Directeur Général d’Automobiles Marius Berliet. Il est coopté en qualité d’Administrateur de Citroën S.A.
En décembre 1974, les Pouvoirs publics procèdent à la restructuration de l’industrie automobile française et imposent à Michelin de céder la Société Automobiles M. Berliet
à la Régie Nationale des Usines Renault.
En 1978, la Régie Nationale des Usines Renault fusionne sa propre filiale poids lourd Saviem avec Berliet qui devient Renault Véhicules Industriels dont Paul Berliet est nommé Vice-Président.
En 1982, il crée la Fondation de l’Automobile Marius Berliet reconnue d’utilité publique. Elle a pour objet la sauvegarde et la valorisation du patrimoine automobile de la région Rhône-Alpes et de l’histoire du camion, car, bus de l’ensemble des marques françaises. Il cède la présidence de la Fondation Berliet à son neveu – petit-fils de Marius Berliet – Philippe Brossette fin 2008 et devient Président-fondateur.
En 2011, la Fondation Berliet dispose d’une collection de 300 véhicules dont près de 200 sont restaurés, d’un Centre d’Archives de 300 000 documents consultables par les chercheurs.
Paul Berliet, marié en 1942, veuf depuis 1988, est père de 4 enfants qui lui ont donné 13 petits-enfants et 12 arrière-petits-enfants. Il est Officier de la Légion d’Honneur depuis 1975 et Commandeur des Arts & Lettres depuis 1992. Il a reçu la Grande Médaille d’Or 2011 de l’Académie du Mérite et du Dévouement Français.
Rappelons que Paul Berliet a créé le Comité France – Chine en 1975, l’a présidé et animé jusqu’à fin 1983, date de son départ en retraite. Jusqu’à ses derniers moments, les autorités chinoises lui ont toujours témoigné admiration et respect en sa qualité de « vieil ami de la Chine ».
« Sa prédilection pour la géopolitique, ses capacités d’anticiper les évolutions (…) sont des traits marquants. Il est doué d’une mémoire visuelle surprenante (…) il tente de combler son insatiable curiosité d’esprit par de nombreuses lectures, des contacts, des visites sur le tas, des relations directes avec les experts, des missions à l’étranger. » (Monique Chapelle, in Berliet : éditions EMCC, 2009)
Extrait de la Lettre de la Fondation Berliet n°155 :