Pour la sauvegarde et la valorisation de notre Culture Industrielle

Fondation de l'Automobile Marius Berliet

Historique de Berliet

Marius et Paul Berliet

Marius Berliet est né en 1866 à Lyon, dans le quartier industrieux de la Croix-Rousse. Sa famille paternelle est originaire du Nord Dauphiné où de nombreuses générations ont travaillé comme laboureur. Son grand-père a quitté la campagne au début du XIXème siècle et a trouvé un emploi d’ouvrier-tulliste à Lyon. Son père a créé un modeste atelier de tissu pour coiffes de chapeau. Sa mère Lucie Fabre est méridionale.

Les Berliet et les Fabre appartiennent à la « Petite Église », fraction de catholiques qui n’a pas accepté les termes du concordat de 1801. Il est l’aîné d’une fratrie de 7 enfants.

Certificat d’études en poche en 1881, à 15 ans, Marius Berliet, apprenti tisseur, rejoint ensuite l’atelier paternel. Il suit des cours du soir – mécanique et anglais – à la Société d’Enseignement Professionnel du Rhône. Il a 24 ans lorsqu’il adjoint à l’activité de son père celle de cuirs artificiels et gaufrage de tissus et invente sa machine à enrouler les rubans.

Taraudé par la mécanique, il construit son premier moteur en 1894, sa première voiture en 1895. En 1899, il achète à Lyon, 56 rue Sully, un local de 90 m2 puis loue un atelier de 450 m2 en 1900, 1 rue Paul-Michel Perret. En 1902, il acquiert les usines Audibert et Lavirotte (5000 m2), embryon de l’usine Berliet de Monplaisir.

Berliet-Marius-victoria-1898

En 1905, la vente de la licence de 3 voitures 22, 40 et 60 ch à Alco (American Locomotive Company) lui donne les moyens de prendre son essor industriel. La locomotive chasse-buffle fabriquée par l’Alco devient l’emblème de la marque Berliet. L’Ecole d’Apprentis est créée en 1912. L’exportation représente 50 % des ventes en 1912. En 1913, 3 500 voitures sortent de l’usine de Monplaisir qui occupe 48 000 m2.

Berliet Croix-Rousse 1905

Pendant la 1ère Guerre, les 7000 salariés de l’usine de Monplaisir vont fabriquer 4500 obus par jour, ainsi que les châssis des solides camions type CBA.

Usine Lyon Monplaisir

CBA Guerre 1914-18

A partir de 1916 , Marius Berliet achète 400 hectares de terrains à Vénissieux – Saint-Priest. En deux ans, il rend l’usine opérationnelle : c’est une usine intégrée de la production de l’acier à la livraison des véhicules. Installation de l’atelier de carrosserie des camions CBA dès 1917. Installation des machines outils dans les usines de Vénissieux pour commencer la fabrication des chars d’assaut FT Renault (1067 livrés à la fin 1918). La cadence de fabrication des camions CBA atteint 40 unités par jour en 1918.

1919-1920 : Arrêt des commandes de camions à la suite de la brutale mise sur le marché de tous les surplus de l’armée française et américaine. Malgré son dépôt de bilan en 1921, l’entreprise, devenue Société Anonyme en 1917, se remet en selle, fait le choix du moteur diesel en 1930, lance les premières missions sahariennes (1926-1932) et oriente les activités vers la fabrication exclusive de poids lourds.

Camion rapide Berliet

Publicité 1935

Pendant la seconde guerre mondiale, la fabrication de gazobois pour le parc de la zone sud sera possible jusqu’en fin 42 : au-delà, le gouvernement de Vichy exige la livraison de véhicules aux Allemands et oblige la firme lyonnaise à fournir une part de sa production en zone occupée. À la libération, la société Berliet est placée sous séquestre et une gestion ouvrière des usines appelée « Expérience Berliet » est mise en place. L’entreprise est rendue à ses propriétaires en 1949, année de la mort de Marius Berliet.

Ci dessous : Les ouvriers sortant Porte C ( à gauche) - Finitions d'un Berliet gazobois en 1943 (à droite)

 

Conformément aux principes de la Petite Église, Marius désigne le chef de famille qui lui succédera : Paul, né en 1918, avant-dernier enfant. Celui-ci prend les rênes de l’entreprise à partir de 1951, d’abord en qualité de Directeur Technique, puis comme Directeur Général Adjoint aux côtés du Président Directeur Général Émile Parfait. En 1962, Paul Berliet est nommé Président Directeur Général de la S.A. Automobiles M. Berliet.

Paul Berliet 1951

Berliet porte ses efforts à l’exportation en Europe et au développement d’une politique d’industrialisation dans les pays en voie de développement pour les propres besoins de ces pays à partir de 1958. Parmi les opérations les plus importantes :

  • création de Berliet-Algérie en 1957 et inauguration de la première ligne d’assemblage en 1958,
  • création de Berliet Maroc en 1958,
  • transfert de technologie en Chine portant sur la fabrication de 4 types de véhicules lourds en 1965,
  • contrat produits en mains d’une usine d’autobus à Cuba en 1969,
  • contrat d’industrialisation d’une gamme de 7 véhicules et construction du complexe industriel produits en mains en Algérie en 1970 (sur 300 ha avec 10 000 personnes),
  • contrat d’industrialisation de l’autobus PR 100 en Pologne et construction de l’usine de 25 unités par jour en 1972, s’accompagnent d’une politique très large de formation.
Ci dessous : Berliet-Algérie, usine de Rouiba 1958 (à gauche) - Cuba 1970, Paul Berliet et Fidel Castro

Parallèlement, est menée à bien, une politique de décentralisation régionale avec la création de plusieurs usines dans un rayon de 60 kilomètres autour de Lyon :

  • à Bourg-en-Bresse (01) : montage en 1964,
  • à Saint-Priest (69) et Andrézieux-Bouthéon (42) respectivement pont-essieux et boîtes de vitesses en 1970,
  • à Chambéry (73) : matériel incendie et à l’Arbresle (69) : petite mécanique en 1971,
  • d’autre part, une politique de rationalisation des méthodes et des moyens dans l’ensemble des fonctions de l’entreprise.

Deux décisions stratégiques ont marqué les années 1960 : la création du Centre d’Etudes et de Recherches en 1962, instrument de la maîtrise du produit, mais surtout l’accord capitalistique avec le Groupe Michelin en 1967 qui aboutit au transfert de la fabrication des camions Citroën chez Automobiles M. Berliet.

Accords Berliet Citroen 1967

Quelques chiffres de 1974 :

  • La production est passée d’une cadence de 17 véhicules/ jour en 1950 à 140 véhicules/jour en 1974.
  • Les effectif sont passé de 7 500 en 1950 à 24 500 personnes en 1974.
  • 42 % du chiffre d’affaires est réalisé dans 67 pays.

Fin 1974 : Citroën, qui fait partie du Groupe Michelin, connait de graves problèmes financiers. En contrepartie de l’aide des Pouvoirs Publics français, Michelin cède Berliet à la Régie Renault. Berliet et Saviem, la branche poids-lourds de Renault, se rapprochent : à leur tête, un Conseil de Surveillance et un Directoire sont mis en place.

Fin octobre 1978, approbation du projet « fusion » de Berliet et Saviem à l’Assemblée Générale Berliet. Les deux entités sont absorbées sous le nom de Renault Véhicules Industriels (RVI) mais les produits gardent leur sigles distinctifs.

publicité de 1979

Avril 1980 : Le marques Berliet et Saviem sont effacés des véhicules : Tous les produits de la gamme Renault Véhicules Industriels portent désormais le losange Renault.

Pour en savoir plus : tableau chronologique