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Fondation de l'Automobile Marius Berliet

1945-1970 : les chantiers du logement populaire

Berliet PMH12 Béton-Rhône

Reconstruire, reloger … la priorité nationale.

En 1945, le pays est exsangue : l’occupant allemand a ponctionné tous les secteurs de production pendant cinq ans et les dégâts générés par les bombardements sont beaucoup plus importants que ceux de la guerre 14-18.

 

 

Cité Berliet bombardée en mai 1944

 

Brochure Association Entr’aide Française 1944. (image Ouest France.fr)

L’état français va s’impliquer fortement. Un commissariat général au Plan est créé en 1946 et des pans entiers de l’économie sont nationalisés. La plupart de ces nationalisations répondent à une double nécessité : assurer le redressement de la production nationale et doter le pays des infrastructures lourdes qui permettront sa modernisation. Pour financer ces projets, l’État va s’assurer le contrôle du crédit en nationalisant également la Banque de France et quatre banques de dépôts.

Affiche Centre d’histoire de la Résistance – Lyon

Faire renaître les agglomérations meurtries

Le plan de redressement s’accompagne d’une reconstruction des communes sinistrées. Elle est conduite par le ministère de la reconstruction et de l’urbanisme (MRU), qui dispose de moyens financiers et réglementaires (plans d’aménagement, remembrement).

Construction de maisons individuelles d’État à Givors – 1946 (photo MRU – Ministère de l’Équipement)

Les projets d’urbanisme vont mettre à profit les destructions de guerre pour reconfigurer les rues en les élargissant ou en traçant des voies nouvelles. On décide d’aérer les îlots autrefois insalubres par la création d’espaces verts et de circulation pour piétons. Il est même prévu de détruire certains quartiers très étroits, aux logements vétustes et mal éclairés. Les transformations les plus radicales du tissu urbain seront menées dans les villes les plus touchées : Saint-Malo, le Havre, Royan, Gien, Orléans…

Relever les infrastructures et endiguer la crise de l’habitat

Les dommages générés par la guerre ont mis à la rue près d’un Français sur sept. En théorie, les programmes devraient assurer d’urgence un toit aux populations mais la réalité est toute autre : la tâche à accomplir est immense, les matériaux manquent et la priorité nationale est donnée aux grands chantiers publics tels que ceux des réseaux ferrés, de l’EDF, du génie portuaire, des Ponts & Chaussées etc. La reconstruction proprement dite des sinistres de guerre durera 10 ans.

Publicité Willème de 1949

Loin d’être résolu, le « mal logement » perdure : il va même être amplifié par le « baby-boom » et l’exode rural. Le recensement de 1954 révèle que 14,5 millions d’habitants, soit un tiers de la population totale, vit dans des habitations surpeuplées et insalubres. La situation est particulièrement inquiétante dans les grandes villes et notamment à Paris où elle concerne plus de 40% de la population. De nombreux bidonvilles s’étendent dans les périphéries urbaines. L’hiver 1954 et l’appel de l’abbé Pierre reste un dramatique souvenir de cette période.

Bidonville dans les années 1950 (image web – Fondation Abbé Pierre)

Une politique du logement dictée par l’urgence !

L’État multiplie pourtant les mesures favorisant la construction de masse. Des concours sont organisés afin de tester le potentiel des fabrications en béton et en métal et réduire les coûts et les délais de construction. Les Habitations à Bon Marché (HBM) deviennent les Habitations à Loyer Modéré (HLM) et le plan Courant, adopté en 1953, prévoit la construction de 240 000 logements par an. Ce plan entend favoriser le lancement de chantiers de grandes tailles et la recherche de procédés industrialisés de construction.

 

Saviem JL20 chantier d’une ZUP de la région parisienne vers 1959

 

Camion Latil sur un chantier vers 1956

 

Les collectivités territoriales sont autorisées à exproprier les terrains nécessaires. Par la loi cadre du 7 août 1957, le gouvernement lance la politique des Zones à Urbaniser en Priorité (ZUP). L’Etat prévoit ainsi la construction, dans les plus brefs délais, de nouveaux quartiers sur des terrains de faible prix, et donc à l’extérieur des villes.

 

Berliet porte Malaxeur PMH12 Béton-Rhône 1967

 

Saviem JM240 chantier 1962

 

La politique des grands ensembles est menée tambour battant jusqu’au milieu des années 70. Remise en cause par la suite, elle va néanmoins permettre à des millions de Français mal logés de connaître le confort moderne (salle de bains, eau chaude, chauffage central).

 

Publicité Citroën 23 benne chantier 1962

 

Unic Saverne chantier avec famille 1963

 

Engins de chantier : les constructeurs Français face aux yankees !

Les véhicules de l’immédiat après-guerre sont en majorité issus des surplus militaires américains (GMC, White, Mack, Diamond T… ). Dans le sillage du Plan Marshall de 1948, des engins made in USA fleurissent sur les chantiers et implantent tout un réseau de services après-vente et de distributeurs. Face à cette concurrence outre-atlantique, les constructeurs français, initialement pénalisés par les pénuries de tous ordres, relèvent la tête. Ainsi, Richard Frères, fabricant lyonnais de matériel agricole, met au point un tracteur à chenilles compact et polyvalent, bien adapté aux chantiers de taille moyenne. L’équipementier stéphanois Bennes Marrel étudie des nouvelles bennes en alliage léger, adaptables sur la plupart des châssis.

 

Tracteur Continental CD7 1956

 

Publicité Marrel – Gamme 1965

 

Les marques de véhicules utilitaires telles que Willème, Unic et Saviem complètent leur gamme avec des modèles renforcés « spécial chantier ». De son côte, Berliet reprend sa place de leader du poids lourd ! parallèlement aux gros châssis spéciaux, le géant lyonnais propose des véhicules polyvalents, tels que les GLR et GLM en application mixte route / chantier ou en version 4×4 et 6×4. Fidèle au rendez-vous de la reconquête économique, Berliet va décliner une large gamme « travaux publics » très appréciée des entrepreneurs. Dès 1970, le slogan de la marque sera « En chantier, un véhicule sur deux est un Berliet ».

Diaporama : cliquer sur le cliché pour l’agrandir