Berliet CBA : un glorieux ancêtre de 14-18
Rustique, polyvalent, facile à entretenir…
le camion Berliet CBA est réceptionné aux Mines en 1913. Primé aux concours militaires de 1913 et de 1914 pour trois tonnes et quatre tonnes de charge utile, il accepte allègrement une surcharge permanente. Avec une remorque, sa charge utile frôle les 10 tonnes. Dès 1916, il fait partie des véhicules emblématiques de la Voie Sacrée – 67 km entre Bar Le Duc et Verdun. Doté d’équipements spécifiques (support batterie de DCA, laboratoire photographique, bloc opératoire…), il peut être utilisé pour des usages particuliers. C’est toutefois avec sa carrosserie plateau bâché à ridelles qu’il est le plus répandu.
Revue de détail du C.B.A :
Le moteur « Z » : increvable !
Spécialement étudié pour un véhicule utilitaire lourd, ce moteur est doté de pièces renforcées. Les parties « tournantes » (vilebrequin, chapeaux de paliers, bielles, pistons, arbre à cames… ) sont largement dimensionnées par rapport à celles des moteurs de voitures.
Des organes spécifiques « camion »
Une transmission par chaînes
Ce type de transmission, simple et solide, peut être réparé sans grande difficulté. A cette époque, la transmission à cardan est encore fragile sur les camions dont les démarrages sont fréquents et souvent brutaux.
Le freinage :
A l’époque, les véhicules n’ont pas encore de système de freinage sur les roues avant. Le CBA possède deux freins à mâchoires situés sur la face interne des roues arrières et un frein sur arbre transverse en sortie de différentiel . Ce dernier, actionné au pied, est utile pour les ralentissements ou le freinages de courte durée. Pour le freinage « de fatigue » ou d’urgence, le chauffeur actionne les freins sur roues à l’aide d’un robuste levier manuel.
Des chaînes « made in Berliet »
Berliet possède son propre atelier de chaînes : outre ses besoins pour les véhicules neufs, il fournit environ 500 chaînes de rechange par mois (Marcel Gay, étude sur le CBA). Elles sont coûteuses (équivalent à 450 € actuels), aussi sont-elles soigneusement entretenues :
Des commandes maintenues par une coque moulée :
Le levier de vitesses et le frein à main sont placés naturellement « à main droite », à l’extérieur du châssis.
Mise en marche du véhicule (extrait du manuel d’instruction de 1918)
Une production pour les besoins de la guerre
Berliet Monplaisir : l’usine B dédiée aux camions.
Située face à l’usine A – ex atelier Audibert & Lavirotte – ce nouveau bâtiment voit le jour en 1907 : « C’est un hall d’une superficie 3600 mètres carrés. On y exécute toutes les opérations de montage des châssis de poids lourds, rivetage, mise en place des divers organes, moteurs, boîtes, transmissions etc. Un pont roulant électrique à grande vitesse, pouvant soulever 4000 kilos et circulant d’une extrémité à l’autre du hall, permet de transporter les divers organes et châssis montés . » (guide de visite des usines Berliet, 1912).
Les marchés avec le Service des Fabrications pour le compte de l’état Français (1914-1918)
En novembre 1914, Berliet livre à l’armée 6 automobiles et 6 camions type CAT et il est convenu que le constructeur lyonnais puisse fournir 100 véhicules par mois. Dès janvier 1915, un lot de 22 automobiles et 89 véhicules utilitaires sont livrés, notamment plusieurs CBA. Les commandes de guerre vont s’accroitre considérablement dès la fin de l’année 1915. Pour y répondre, Berliet dispose de quatre bâtiments industriels, soit presque 45 000 m2 à Lyon, dans le quartier de Monplaisir :
– l’usine A – ex-ateliers Audibert & Lavirotte acquis en 1902 et largement agrandis,
– l’usine B des « châssis poids lourd » construite en 1907 et dévolue aux camions CBA,
– deux bâtiments C et D édifiés en 1915 (au lieu-dit « Grand Trou ») pour la fabrication des obus de 75 et 105.
Naissance de l’usine Berliet de Vénissieux.
Les usines Berliet A, B, C et D de Monplaisir et Grand Trou travaillent à plein rendement (obus, moteurs d’avion, camions). Elles sont enclavées dans l’agglomération de Lyon et ne peuvent plus s’étendre. Marius Berliet décide d’établir un complexe industriel intégré à l’écart de la ville. Son choix se porte à l’est de Lyon, vers la plaine de Vénissieux-St Priest où la terre est pauvre et les exploitations agricoles dispersées. En 1916, il entreprend la construction des premiers bâtiments du site. Il y transfère l’atelier de carrossage bois des camions CBA, dont les pièces continuent d’être fabriquées et assemblées à Monplaisir.
La cadence mensuelle de fabrication des camions CBA atteint le millier en 1918 – soit près de 40 unité par jour – ce qu’aucun autre constructeur ne sera capable de faire. (1).
(1) Renault sort 300 camions et l’américain Mack 260 par mois
Galerie Photos (cliquez pour agrandir)