Catastrophe de Fréjus 1959 : les Unic de la solidarité
Rupture du barrage de Malpasset : il y a 63 ans.
En cette fin d’automne 1959, de très fortes précipitations sévissent sans discontinuer dans le département du Var. Elles viennent gonfler de façon inquiétante les eaux du nouveau barrage de Malpasset construit 5 ans plus tôt sur la rivière du Reyran, à 10 km au nord de Fréjus.
Résumé de la catastrophe…
Au matin du 2 décembre 1959, le niveau d’eau de retenue monte très rapidement (4 m en 24 h), mais il est décidé de ne pas ouvrir la vanne de vidange, afin d’éviter des dommages au chantier de construction du pont de l’autoroute A8, situé 1 km en aval. Finalement la vanne va être ouverte à 18 h mais l’effet est insignifiant. Le barrage se fissure puis cède soudainement à 21 h 13.
Extrait de « Barrage de Malpasset de la conception à la rupture » ,Vito Valenti et Alfred Bertini (Société d’histoire de Fréjus, 2003) :
» Un homme se trouve en première ligne : André Ferro le gardien, dont la maison se situe à 2 km en aval. (…). Il sait que le barrage est plein jusqu’au débordement malgré la vanne du déversoir ouverte au maximum. Très inquiet, il s’apprête à remonter au barrage pour s’assurer que tout est normal. C’est à ce moment qu’il entend « comme une sorte de grognement d’animal », le sol vibre sous lui (…). Saisissant son petit garçon déjà couché, il s’élance suivi de sa femme, vers le haut de la colline. Une cataracte de 50 millions de mètres-cubes d’eau et de 40 m de haut s’engouffre dans la vallée du Reyran à une vitesse de 70 km/h, dévastant tout sur son passage. En un quart d’heure, la déferlante, haute de 7 mètres, envahit les quartiers ouest de Fréjus puis le centre-ville (…). A 21 h 40, la vague se perd dans la mer, charriant toutes sortes de débris et des dizaines de cadavres. «Un désastre inédit
Le bilan est de 423 morts : 27 non identifiés, 135 enfants de moins de quinze ans, 15 jeunes de 15 à 21 ans, 246 adultes.
On compte aussi :
– 7000 sinistrés et sans-abris,
– 951 immeubles touchés, dont 155 entièrement détruits.
– 185 fermes et bâtiments d’exploitation détruits.
Premiers arrivés sur les lieux, les militaires des base locales ainsi que des hélicoptères de l’armée américaine basés dans les environs s’occupent de porter secours aux survivants, mais aussi de dégager les corps des victimes. Le plan ORSEC est déclenché.
Hommes et camions dans un élan de solidarité
Avant que les premières informations n’arrivent dans les journaux, les chauffeurs routiers sont alertés par les émissions de radio de nuit. Conducteurs de camions, d’engins de travaux et entreprises de transports offrent spontanément leurs services et montent une campagne d’entraide : l’opération « SOS Fréjus », appuyée par le journal « Les Routiers ».
De grandes marques de véhicules utilitaires mettent également du matériel et de la main-d’œuvre à disposition mais en toute discrétion, comme le signale un article du journal « Les Routiers » de janvier 1960 : « Précisons que les offres de ces constructeurs n’ont pas été accompagnées de publicités tapageuses qui ne sont pas dans la tradition des routiers ».
UNIC Izoard et Verdon sur les lieux du sinistre
Dans les jours de nettoiement et de reconstruction qui suivent le drame, UNIC engage 10 camions de sa série « Alpes ». Nous n’avons que quelques photographies pour attester de cette démarche mais c’est une occasion de les publier et de mettre également en avant l’excellente mécanique de ces beaux véhicules, à travers quelques pages de dépliants d’époque.
Ironie du sort, le dépliant publicitaire Unic de la gamme « Izoard » et « Verdon », édité 7 mois avant la catastrophe, montre le chantier de construction d’un barrage qui ressemble beaucoup à celui de Malpasset…
Galerie photos (cliquez pour agrandir)