Berliet GDH, GDR, GDM… costauds des années 30
Le transport « entre-deux guerres » : évolutions
1920-1930 : le réseau routier et la qualité des chaussées s’améliorent. Les récents progrès en matière de pneumatiques permettent d’en équiper les camions et d’accroître considérablement leur vitesse. Les pare-brise se généralisent, les cabines fermées également.
Ci dessous, à gauche: le Berliet CBA9 de 1921 est encore pourvu de son habitacle ouvert et de ses roues à bandage plein. A droite, le Berliet GPC de 1929 est chaussé de nouveaux pneus « confort »
Les ingénieurs mettent la gomme sur le problème des pneus :
1924 : La Société GOODYEAR invente le pneumatique « ballon », dont la structure renforcée permet de baisser la pression, une des principales causes d’éclatement. Deux dans plus tard, MICHELIN utilise ce procédé et sort un pneu de poids lourd ballon « Confort » qui permet un gain appréciable en rapidité : la vitesse moyenne des camions passe de 25 à 40 km/h.
Plein gaz sur le diesel !
D’abord utilisés dans l’industrie et pour les navires, les moteurs diesel « à huile lourde » offrent de nombreux avantages dans le domaine du poids lourd : couple important à à bas régime, meilleur rendement, faible consommation, utilisation du gasoil trois fois moins cher que l’essence. En 1930 : Marius BERLIET achète pour ses moteurs la licence d’injection diesel système « Acro ». Le premier camion doté d’un moteur Berliet diesel sort en 1931.
A partir de 1935, les moteurs diesel Berliet utilisent la licence anglaise « Ricardo » pour l’injection et la chambre de turbulence, ce qui accroît la vitesse de rotation de 500 tours/minute et augmente la puissance.
1934-1939 : Les véhicules utilitaires équipés de moteurs diesel se généralisent et se perfectionnent : la crise économique a atteint l’Europe et le faible coût du gasoil séduit les utilisateurs. Les principaux constructeurs de poids lourds, tels Latil, Bernard, Renault… sont au rendez-vous et proposent tous leur moteur « à huile lourde » :
Du côté de de Berliet, élargissement de la gamme :
L’objectif n°1 de l’entreprise est de proposer une gamme modernisée et diversifiée, afin de répondre au mieux à tous les problèmes de transport. Dès 1926, le camion CBA et ses dérivés sont complétés par le type GDH. Entre 1926 et 1934, le GDH est décliné en un nombre impressionnant de dérivés (GDHL, GDHM, GDE, GDHE…) afin de répondre aux usages chantiers, routiers sous leur multiples formes. Il est également à l’origine de la future gamme GDL, GDR, GDM.
Les transports longue distance et les « six roues »
1931-1934 : La vitesse des camions a doublé, les progrès en matière de motorisation se confirment. Le transport routier se développe rapidement. Pour répondre à la demande, les constructeurs proposent les modèles à fort tonnage, au châssis rallongé et équipé de deux essieux arrière. Ce sont les fameux « six roues », atteignant 12 m de long, voire davantage.
Ci dessous : impressionnant châssis Berliet GPEF de 1933.
Coup de frein sur le transport routier :
1934 : Raoul DAUTRY, haut fonctionnaire chargé de la coordination des transports en France, met en place une série de décrets de « Coordination du rail et de la route » en faveur des transports ferroviaires qui subissent depuis quelques années la concurrence de la route. Mesures principales : Le poids total en charge est limité à 15 tonnes – La longueur du véhicule est limitée à 10 mètres – Taxes sur le gasoil. En 1935 : La production de camions décroît et la France recule du 2eme au 5eme rang des constructeurs mondiaux de véhicules utilitaires.
Le Berliet GDR en adéquation avec son temps.
Étudié dès 1934, il s’inscrit dans la famille des GD et deviendra le modèle phare de sa génération. Le GDR va devoir tenir compte des nouveaux décrets « rail-route » et son moteur devra soutenir une vitesse rapide. Présenté au Salon de Paris de 1936, il est le camion polyvalent par excellence.
→ Transmission à cardans.
→ Servofreins mécaniques sur les 4 roues.
→ Pont arrière à double démultiplication, prévu pour des conditions d’exploitation difficiles.
→ Boîte à 4 vitesses dites « silencieuses» et bien étagées, accolée à l’ensemble embrayage.
→ Poste de conduite à gauche en 1937.
→ Cabine vaste et confortable (jusqu’à 4 personnes de front)
→ Direction plus douce dite « Douglas », limitant le jeu et les points durs.
→ Moteur diesel augmenté sans changer la cylindrée grâce au système de combustion à préchambre licence Ricardo (1935).
→ Dimensions conformes au décret « rail-route » qui autorise une largeur limitée à 2,35 m /longueur limitée à 10 m /charge utile limitée à 7,5 tonnes.
→ Version GDRK à cabine avancée afin d’augmenter l’espace utile de chargement.
28 déclinaisons du GDR et TDR sont enregistrées aux service des Mines entre 1936 et 1948 : 12 à moteur diesel, 8 à moteur gazobois, 7 à moteur essence… et même un modèle au gaz de ville.
Le bois : « carburant national »
Dès 1925, Berliet et plusieurs autres marques proposent des véhicules à gazogène comme alternative à l’essence, très coûteuse. En 1936, les nouvelles taxes sur le gasoil incitent Berliet à mettre au point un GDR roulant au gazogène à bois : le GDR16G proposé en 1937. Le plus connu reste cependant le GDRAG, sorti en 1940. Près de 5 000 GDR gazobois vont être utilisés pendant les pénuries de carburant de la guerre 1940-1945.
La série des GDR GDM va couvrir une période de près de 30 ans. Moyens ou gros porteurs, dotés d’une motorisation à essence, gasoil ou bois, ils ont évolué et affirmé la réputation de robustesse de Berliet grâce à des organes surdimensionnés et des moteurs à régime lent.
Album-photo (cliquez pour agrandir)
Dossier sur le Berliet TDR10W 1946 : cliquez ici