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Fondation de l'Automobile Marius Berliet

Sinpar : l’as de la transformation

Le fondateur de la marque, Léon Demeester, fabrique des voiturettes dès 1907 dans un modeste atelier à Neuilly sur Seine. Il les nomme SINPAR, d’après une devise latine qui signifie « Sans pareil ». La production d’automobiles est abandonnée en 1914 mais une fois la paix revenue, la petite entreprise Sinpar continue la construction mécanique A la fin des années 20, pressentant le besoin grandissant de véhicules utilitaires spécifiques, Demeester s’engouffre dans le créneau de la transformation de châssis standards, en modifiant des camions légers à la demande du client.

Extrait album-photo Sinpar vol.1

Allonger, raccourcir, renforcer…

Les premiers matériels préposés à la transformation sont des Ford et des Citroën. Les prestations offertes sont nombreuses : en plus des modifications de châssis, Sinpar assure la pose d’essieux supplémentaires, de ressorts spéciaux, le montage de réducteurs de vitesses, de graisseurs de cardan, de cuves de pont renforcées…

Publicité Sinpar, catalogue Salon de l’Auto 1931

Pour faire face à l’accroissement de son activité, Léon Demeester va employer plusieurs ouvriers hautement qualifiés et installer son entreprise à Courbevoie, dans un nouvel atelier qu’il équipe de machines-outils modernes.

 

Usine Sinpar 55 rue de Lorraine à Courbevoie

 

intérieur d’un des ateliers Sinpar de Courbevoie

 

Le constructeur a les moyens de fabriquer désormais des boîtes de vitesses, des réducteurs et des multiplicateurs adaptables à tous les châssis : ces produits « phares » demeureront une spécialité Sinpar pendant toute la vie de l’entreprise.

Publicités Sinpar de 1950

La Seconde guerre mondiale va vider l’usine de ses salariés mais à la libération, le fondateur et son fils Pierre Demesster, relancent l’activité. A la fabrication des boîtes de vitesses, réducteurs et multiplicateurs, s’ajoutent désormais des boîtes transfert, prises de mouvements, renvois d’angles etc.

 

Stand Sinpar au Salon de l’Auto 1950

 

 

La société va également développer toute une gamme de treuils, d’appareils de dépannage, de levage et se spécialiser dans la transformation de véhicules routiers en tous terrains. En 1956, Sinpar déménage une nouvelle fois et s’implante à Colombes, dans de vastes locaux pourvus d’une grande cour intérieure.

Vue de l’usine Sinpar, rue d’Estienne d’Orves à Colombes

Gros pétroliers et petits tous-terrains

Les années 50 sont particulièrement fastes pour le constructeur qui va tirer parti de nouvelles opportunités ! La recherche et l’exploitation pétrolières se développent et s’intensifient, boostées par les besoins en carburants et l’émergence de production de matières plastiques issues du pétrole. Répondant aux demandes de véhicules spécialisés, Sinpar va proposer des carrosseries baptisées « oil field bodies ». Ces équipements pétroliers vont être montés sur une large variété de châssis, notamment des Berliet TLM, GBO, TBO et GBC, des Unic ZU et des Willème W6 et W8.

 

Équipement oil-field sur UNIC ZU 121 Izoard

 

Willème Sinpar W8SAT oil-field

 

L’autre créneau de prédilection de Sinpar est la transformation de camions de petit tonnage en véhicules tous terrains. Les matériels ainsi modifiés sont principalement des Citroën 23RU, 55U et des Renault 1 400 kg et 2,5 tonnes. Ces types de châssis, peu proposés sur les catalogues des autres constructeurs, intéressent pourtant tout un pan d’activités liées au BTP, aux collectivités territoriales et aux secteurs des administrations (Ponts & Chaussées, EDF, GDF, PTT, etc.). Les commandes affluent et la petite entreprise se porte bien. Elle noue des relations de plus en plus étroites avec la régie Renault et Saviem, dont les véhicules vont bientôt représenter la majorité des transformations.

Extrait album-photo Sinpar

Le Castor et autres véhicules « maison »

Au milieu des années 60, parallèlement aux transformations Saviem et Renault, Sinpar va sortir un véhicule sous sa propre marque. Fabriqué à partir d’organes Renault modifiés et d’une cabine d’Estafette retouchée, ce petit 4×4 compact baptisé « Castor » va être décliné en plusieurs versions, tonnages et empattements. Il connaitra un certain succès et sera produit à quelque 150 exemplaires.

 

 

 

Sinpar va également produire quelques « mini-camions » urbains, sur base Saviem SG, ainsi que des châssis surbaissés à traction avant pour les livraisons. Faisant feu de tout bois, il s’aventurera également dans la conception de véhicules « porte-fer », concurrençant ainsi Pelpel, le spécialiste en ce domaine.

Dans les années 70, Sinpar compte 120 salariés. Elle va répartir sa production sur deux sites : celui de Colombes et l’usine de l’ancien carrossier Rotrou, situé à Verneuil sur Avre. En 1976, la mort brutale de Pierre Demeester compromet l’avenir de l’entreprise et c’est Renault Véhicules Industriels qui reprend l’actif. En 1980, le site de Verneuil abrite la SOMAC tandis que l’activité de Sinpar est transférée à Chassieu dans la région lyonnaise. Une nouvelle société Sinpar voit ainsi le jour sous le nom de « Société Industrielle de Production et d’Adaptation Rhodanienne ». Pendant les années 90, devenue filiale RVI, elle travaille en collaboration étroite avec le BEHS (Bureau d’Études Hors-Série).

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