Sur la route des vacances, aux origines…
Les vacances avant 1920… Un privilège
En ce temps là, la culture du voyage et des vacances touche essentiellement la bourgeoisie urbaine et l’aristocratie. Grace au courant hygiéniste qui encourage les cures thermales et les bains de mer, les villes d’eau et les stations balnéaires se multiplient dès le milieu du XIXe siècle. Les vacanciers fortunés se font construire des villégiatures en bord de mer ou logent dans de somptueux hôtels. Les séjours sont longs : plusieurs semaines, voire une saison entière.
L’élan des années folles :
A partir de 1920, alors que la population se remet des souffrances de guerre, un vent de folie et de liberté souffle sur les classes aisées : la mode est aux vacances « sportives »! ainsi, il est de bon ton de s’adonner aux joies des activités de plein air : voile, golf, ski, tennis… Les voitures se modernisent elles aussi : d’une conduite plus aisée, elles accompagnent les vacanciers dans leurs escapades touristiques.
L’avènement des congés payés
En cette période d’entre-deux guerres, des congés payés existent déjà pour les fonctionnaires et la plupart des employés mais très peu d’ouvriers en bénéficient. A partir du 20 juin 1936, les congés payés deviennent un droit et tous les salariés peuvent prétendre à 12 jours ouvrables de vacances. « Dès le mois d’août 1936, les compagnies de chemin de fer ont créé un billet populaire de congé annuel, grâce auquel le titulaire d’un congé payé, seul ou avec sa famille, peut obtenir des réductions de 40%. On estime que dans le seul mois d’août, le nombre de billets délivrés a été de 200 000 « (Bureau international du travail, L’Année sociale, 1936-1937).
De nouveaux vacanciers parisiens découvrent ainsi les les stations balnéaires de l’ouest, bien desservies par le train (Normandie, Nord Pas-de-Calais….) et la presse de l’époque montre des photos de wagons pris d’assaut et de plages bondées. Cet engouement est – certes- réel, mais la grande majorité des français modestes part peu. En 1937, sur 10 millions de bénéficiaires des congés payés, seulement 600 000 prennent de vraies vacances et les destination restent proches du domicile (moins de 50 km). La plupart se détendent en profitant de simples escapades et de camping à la campagne . Cette période est aussi pour nombre d’entre eux, l’occasion de rejoindre leurs familles en zone rurale afin d’aider aux récoltes.
Avoir une voiture : une rareté !
En 1930, si on excepte les plus fortunés, les catégories sociales qui investissent dans une automobile le font surtout pour des raisons professionnelles : artisans, médecins, représentants de commerce etc. Les ouvriers n’ont pas d’automobile, les employés et fonctionnaires sont 26% à en posséder une, les cadres et professions libérales 31%. (Moins de 2 millions de véhicules en France à la fin des années 30). Si on se réfère aux publicités des journaux d’époque, les propriétaires d’automobile sont à la fois aisés, modernes et friands de nouveautés. La mode est au bronzage, à la décontraction et aux achats « plaisirs » (caméras, postes de radio et appareils-photo…)
Le trajet « longue distance » et ses tracas
Dans les années 30, la publicité met l’automobile en scène sur tous les lieux de vacances… mais au quotidien, les gens partent-ils en congés en voiture ? Une chose est sûre, conduire sur de longues distances est une vrai expédition ! A cette époque, les chaussées sont souvent dans un état très médiocre et les garagistes sont encore rares dans les campagnes. L’orientation est aussi un casse-tête.
Conscient dès 1912 du problème de la signalisation, Édouard Michelin va numéroter les routes et éditer les cartes que l’on utilise encore aujourd’hui. Voici ce qu’il en disait : « le chauffeur arrive à un carrefour. Devant lui s’ouvrent deux chemins…Lequel est le bon ? D’un œil inquiet, il cherche un poteau indicateur. Vain espoir il n’y en a pas. Il consulte fébrilement sa carte. Peine inutile ! Il se perd dans l’enchevêtrement des lignes muettes, comme il s’est perdu dans l’enchevêtrement des routes non jalonnées ».
La conduite de nuit est également une véritable aventure :
Les voitures se sont – certes – modernisées mais les usagers ne sont pas à l’abri de déboires mécaniques. En feuilletant la presse spécialisée, on remarque de nombreuses publicités apportant des remèdes à ces désagréments (carburation, pneus qui s’échauffent et qui éclatent, problèmes de lubrification du moteur etc.)
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