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Fondation de l'Automobile Marius Berliet

Aux origines du transport – chapitre 2 : attelages et cheval vapeur !

Comme nous l’avons vu dans premier chapitre de notre saga, la qualité des routes s’améliore nettement au milieu du XIXe siècle.

Les rouliers : ancêtres des routiers

Ces nouvelles chaussées, plus « roulantes », vont permettre une circulation accrue de gros attelages dans de meilleures conditions. L’acheminement régulier des marchandises va être assuré par des charretiers spécialisés : les rouliers. Considérés comme les premiers professionnels du transport routier, ils conduisent de lourdes charrettes et camions hippomobiles (robustes chariots à 4 roues).

Grand roulage hippomobile, illustration de 1840

Les chevaux en plein effort – peinture de 1898

Le roulier peut travailler à son compte ou pour une compagnie de transport. Il existe deux types de prestations :

  • Le roulage « de petite journée » qui ne change pas d’attelage en cours de route, ne marche que le jour et parcourt jusqu’à 40 km en 24h.
  • Le roulage “à grande journée” qui relaye les chevaux, circule aussi la nuit et parcourt 80 km en 24h.

En-tête d’une entreprise de transport en 1828

Société de camionnage en 1900 (image web)

Quelques chiffres sur le transit de marchandises en 1838 :

D’après un article du journal « Le Magasin Pittoresque – 1838 », la France produit 193 millions de tonnes de marchandises agricoles et manufacturées par an :

– 126 millions de tonnes sont consommées et/ou achetées sur place

– 52 millions de tonnes sont transportées par petit roulage (moins de 40 km de distance)

– 10 millions de tonnes sont transportées par grand roulage

– 5 millions de tonnes sont transportées par voie fluviale

Le transport fluvial et ses limites

Avec la révolution industrielle, le trafic commercial s’intensifie comme jamais. Les matières premières et le charbon – combustible vital à la nouvelle industrie – sont convoyés par centaines de tonnes sur les voies navigables.

Resté sans concurrence pendant des siècles, le transport fluvial doit se moderniser pour répondre aux besoins qui ne cessent de croitre. Un programme de grands travaux est voté en 1879 : il comprend le creusement de nouveaux canaux et la modification des cours d’eau (rectification des berges, endiguement, dragage…). Entre 1880 et 1900, les voies navigables Françaises à grande capacité vont passer de 1450 km à 4739 km, ce qui reste toutefois très faible en comparaison aux réseaux terrestres.

Port fluvial de St Denis, vers 1910. Déchargement du charbon

Péniche et canal vers 1920

Le transport fluvial a l’avantage d’être économique : en 1844, le coût à la tonne est 3,5 fois plus élevé par la route que par bateau. L’acheminement par voie d’eau est en revanche plus lent, moins diffus et moins souple que le roulage hippomobile qui garde de nombreux atouts, notamment celui de la livraison au « porte à porte ». Cette flexibilité sera d’ailleurs la principale qualité du transport routier en général.

Un camion surbaissé pour livraison de type « petite messagerie » – 1850

La prépondérance du rail

A partir de 1830, l’avènement du rail va révolutionner les transports. Les trains peuvent acheminer rapidement des charges considérables, offrant un service sans commune mesure avec les autres moyens de transports qui existaient jusqu’alors.

Les chiffres sont éloquents : Dès 1844, le rail permet déjà une économie de 23,7% par rapport à la route. L’écart va se creuser à 44,2 % en 1854. (Jean-Marcel Goger .- Le temps de la route exclusive en France )

En quelques décennies, la construction des routes est délaissée au profit d’un chemin de fer en plein essor, qui multiplie ses réseaux sur tout le territoire. Le réseau ferré national va ainsi compter jusqu’à 43 226 km de voies en 1903, auxquelles viendront s’ajouter progressivement 20 000 km de « voies d’intérêt local ». Ces réseaux secondaires à voie étroite disparaîtront dans les années 30. A titre de comparaison, la France comptait 27 057 km de voies ferrées en 2021.

Carte du réseau ferroviaire entre 1910 et 1930 – image web

A la veille du XXe siècle, la vapeur est reine ! Les trains de marchandises roulent à une moyenne de 40 à 60 km/h, soit dix fois plus vite que les attelages qui excèdent à peine la vitesse d’un homme au pas. Quant aux « camions automobiles » des débuts héroïques, leur circulation est encore anecdotique… plus pour longtemps !

Locomotive Compund, permettant une vitesse de 85 km/h – Revue La Nature 1898

Camions à vapeur Purrey de la société Say, en 1902

En savoir plus sur les camions PURREY

Relire le chapitre 1 : la route

A suivre… chapitre 3 : Macadam d’antan et véhicules automobiles.